Les dogmes ou autrement dit principes ou encore règles de conduite, sont des éléments de connaissance, des outils, dont l’homme à besoin d’user, pour avancer méthodiquement, lucidement, dans une direction précise, cohérente, conforme à ses aspirations.
De même, le dogme établit une structure, un cadre et une base qui disciplinent l’homme et le préservent de faire des choix délétères, ou de commettre des actes qui laisseraient des séquelles irréversibles voire irréparables sur le cours de sa vie.
Ainsi l’homme, cet être qui se transforme sans cesse à partir du moment où il naît, a recours au dogme pour évoluer et se réaliser, en évitant de se tromper ou de se dégrader.
Cependant, le dogme n’est pas un objectif en soi, ce n’est qu’une méthode de travail, un moyen de décryptage, un système de guidage.
L’acteur principal, celui qui choisit librement la direction dans laquelle il veut aller, qui se pose les problématiques à résoudre et qui se fixe l’objectif à atteindre, c’est bien l’homme.
Le dogme est en quelque sorte un véhicule dont l’homme se sert pour se rendre là où il a décidé.
Inversement, un dogme qui dirige aveuglément l’homme, le privant de sa liberté, de sa lucidité et de son humanité n’est plus un dogme, mais rien d’autre que du fanatisme.
À ce stade de notre réflexion, nous pouvons dire que le dogme est nécessaire pour permettre à l’homme de déchiffrer son monde, aussi bien intérieur qu’extérieur, en vue de se réaliser en tant qu’être humain, dans toutes ses dimensions, aussi bien matérielles que spirituelles.
Ceci étant dit, le texte du dogme ne fait pas la texture de l’homme, et pour un homme donné tout reste à faire.
En effet, la connaissance que fournit le dogme, reste lettre morte et stérile, si elle n’est pas vécue de l’intérieur, si elle n’imprègne pas l’homme et qu’elle ne réalise pas son bonheur.
Mais alors que faut-il de plus à cette connaissance dogmatique qui apparaît comme un moyen très appréciable, pour que l’homme arrive effectivement à se réaliser?
Que faut-il de plus pour que cette théorie, à priori salvatrice, devienne, en pratique, la source du bonheur et de l’édification de l’être humain dans sa réalité quotidienne?
Il n’est pas possible de répondre à cette thématique sans prendre en considération la dimension spirituelle, ou encore la dimension verticale de l’être humain.
L’homme peut en effet accumuler tous les chiffres, toutes les lettres, les archives et les théories qu’il souhaite, il n’arrivera à rien s’il n’admet pas qu’il y a des choses qu’il ignore et auxquelles il ne peut accéder par les seuls moyens de sa raison et de sa connaissance.
Il est bien obligé de reconnaître l’existence en lui d’une dimension qui le dépasse.
À sa dimension horizontale, représentée par la connaissance et le dogme, il a besoin de rajouter une dimension verticale, représentée par la spiritualité et l’intime conviction (ou foi).
Ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions, comme pour signifier que les intentions que confèrent les dogmes ne se convertissent pas automatiquement en réalité de vie ?
Tant d’hommes savent ce qu’il faut faire et n’y arrivent pourtant pas.
La raison, assez évidente, est qu’ils se privent de tout un aspect de leur être, et s’amputent de leur dimension spirituelle, ce qui les empêche de vivre en vrai ce qu’ils conçoivent en théorie.
Quant à ceux qui s’astreignent à la théorie, avec entêtement, sans prendre en compte ce qui les dépasse, ils ne rencontrent que frustrations et déceptions.
À ce niveau-là, certains d’entre eux se rendent compte que pour se remplir, il faut d’abord se vider de ce qui encombre. Que pour se retrouver, il faut d’abord se perdre. Que pour arriver à bon port, il faut d’abord lâcher prise.
Ils reconnaissent leur limite, apprennent humblement leur indigence, et se retournent plus ou moins clairement vers ce qui les dépasse.
C’est alors que ce qui compose l’homme, en même temps qu’il le dépasse, se dirige vers lui, le comble gratuitement et certainement.
C’est alors que l’homme trouve la joie et le sens des choses, y compris le sens de la douleur.
C’est alors que l’homme découvre, ou plutôt reçoit, la grâce, l’inspiration, l’amour, et la connexion avec cet autre soi, infini et véridique.
C’est alors que le gouffre qui sépare le dogme théorique et la réalisation véridique est comblée par la grâce et l’inspiration qui nous viennent d’en haut.
C’est pour cela que les dogmes sont nécessaires pour aider l’homme à avancer, mais ne suffisent pas en tant que tels et ne servent à rien sans le carburant de la grâce, une grâce offerte à celui qui s’offre, à celui qui reconnaît simplement qu’il ne sait pas, à celui qui réveille consciemment en lui la flamme de l’esprit…
Be First to Comment