Dans un silence de cathédrale, je suis appelé à une profonde introspection.
Déboussolé, je rentre en moi. Je me tourne vers mon espérance, vers ce qui m’appelle et en même temps me surpasse, vers Dieu.
Car c’est bien de Dieu qu’il s’agit à la base. Notre-Dame, c’est bien la Mère de Dieu.
Les bâtisseurs de cette cathédrale, c’est bien pour rendre hommage à son témoignage, son exemple et sa sainteté, qu’ils ont érigé ce monument. C’est bien pour manifester leur adhésion à sa foi et pour se sentir sous sa protection qu’ils ont élevé leurs ornements et leurs incantations sur les pans de ce sanctuaire.
Si nous nous retrouvons entre les murs de cette bâtisse, construite et entretenue par des centaines de personnes, durant des siècles, sans pour autant ressentir la compagnie de la Mère de Dieu, alors à quoi sert la cathédrale dédiée à Notre-Dame ?
Que valent toutes ces pierres, mêlées de sueur, que valent toutes ses fresques, si elles n’appellent pas la présence de la Mère de Dieu ?
Mais, au juste, en ce moment où nous pleurons à grand bruit ces murs qui tombent, la Mère de Dieu est-elle encore présente dans nos aspirations ?
Témoigne-t-elle encore dans nos
cœurs de la Révélation Divine incarnée dans sa chair ?
Ou bien ces murs, ne se sont-ils pas plutôt effondrés, parce que, justement, nous avons banni l’humilité de la mère de Dieu de nos cœurs ?
Celle qui a porté dans son ventre le créateur de toute chose, et a rendu possible la pénétration de la constitution humaine par la perfection divine, a choisi le silence pour unique mode de communication.
Sur l’icône de la Vierge à l’enfant, sa silhouette de maman, affectueusement courbée sur sa progéniture, se contente de nous indiquer la lumière. Elle nous appelle, dans sa sainte humilité et son effacement, à regarder à notre tour, celui qu’elle-même regarde, et à contempler, avec elle, la source de lumière, son fils et son Dieu, notre frère et notre Dieu, le Christ.
Pour témoigner du sauveur de toute chose, qu’elle a pourtant conçu dans ses propres entrailles et accompagné jusqu’au pied de l’arbre de vie, elle a gardé le silence. Pensez-vous donc que la chute de quelques charpentes de bois vont l’affecter ? Ou bien, n’est-ce pas le fait de l’avoir affectée qui a rendu ces charpentes de bois insoutenables ?
Avons-nous préservé son humilité ?
Regardons-nous encore dans la même direction que Notre-Dame ?
Aux noces de Cana, elle déclare aux serviteurs : « faites ce qu’il dit », elle n’avait rien d’autre à ajouter. Mais nous autres, faisons-nous encore ce qu’il dit ?
Lorsque nous apportons nos dons, la main gauche ignore-t-elle ce que fait la main droite ?
Celui qui veut être le premier d’entre nous se met-il au service des autres ?
Vivons-nous encore de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ?
La liberté, l’égalité et la fraternité font-elles toujours bon ménage avec la foi, l’espérance, et la charité ?
Nos édifices intérieurs s’effondrent dans une léthargie totale, et voilà que nous nous agitons quand les édifices extérieurs, qui n’en sont que la projection, s’écroulent en conséquence.
Une fois de plus, à l’approche des fêtes de Pâques, Notre-Dame nous aura parlé dans le silence, et une fois de plus, dans le silence de nos cœurs, nous aurons à contempler la parole de son fils : « détruisez ce temple et en trois jours je le reconstruirai »
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