Dans une république peuplée d’aveugles et où il n’y a même plus de borgnes, qui peut devenir roi ?
La réponse à cette question n’est pas compliquée : n’importe quel aveugle ! Encore plus s’il fait n’importe quoi !
En effet, dans un tel royaume, n’importe qui peut être le roi, à la seule condition qu’il soit prêt à tout pour devenir le plus fort. Car, en l’absence d’une justice clairvoyante, la raison du plus fort, même si elle n’est pas raisonnable, est toujours la meilleure…
Le plus fort a beau être le plus idiot, le plus grossier, le plus inculte, le plus raciste, le plus haineux, le plus tribal, le plus malhonnête, le plus abject, il a quand même raison.
Si c’est par l’œil que rentre la lumière, qui peut être éclairé et éclairer les autres si tous sont aveugles ?
Comment rénover la société en ôtant la poutre de son œil, puis la paille de l’œil du prochain, si on ne se voit pas tel que l’on est, et qu’on ne voit plus son prochain ?
Comment peut-on discuter cartes sur table, et rapprocher les points de vue, si on ne distingue rien des cartes ?
Comment une politique aveugle peut-elle s’accorder avec une autre politique aveugle, quand les deux prétendent connaître le bon chemin ?
Quand il n’y a plus de jalons, plus de but et plus de guide, seule la force est agissante, sans limite, sans objectif et sans idéal.
Quand il n’y a plus de connaissance, plus de conscience et plus de justice, seule la force est toute puissante, en toute ignorance, toute inconscience et toute impunité.
Avec quelle légitimité un aveugle peut-il corriger un autre aveugle, sachant que tous les deux n’y voient rien ?
C’est exactement sur ce terreau-là que prospère le mal : en justifiant l’enfoncement en profondeur dans la cécité par la perte totale du discernement.
À partir du moment où les hommes ne se regardent plus en face, qui va raisonner qui ? Qui va écouter qui? Qui va croire en qui ?
La force ne justifie la force, et le mal ne justifie le mal que dans un système sauvage de survie. Mais si l’on est au stade de la survie, c’est qu’il n’y a plus de vie.
C’est ainsi que tourne ce monde, peuplé d’aveugles, en quête de traces de vie sur des planètes éloignées, après avoir crevé les yeux de la terre.
Mais alors, si ce n’est pas une plus grande force qui peut annihiler une force délétère, qu’est-ce qui peut le faire ? Quel est l’antidote à la force aveugle ?
Quand le Christ a « débarqué » sur notre terre aveuglée, il a apporté sa solution.
Il aurait très bien pu tout remettre en ordre par la force, Lui le tout-puissant, le fils de Dieu. C’est d’ailleurs à ce type de sauveur que s’attendait le peuple juif, qui vivait à l’époque sous l’autorité de l’Empire romain.
Seulement, dans sa divine sagesse, le Christ nous a montré que nous étions bien loin du compte, et, malheureusement, nous le sommes encore aujourd’hui, tout chrétiens que nous prétendons être.
N’a-t-Il pas dit que ceux qui prennent l’épée périront par l’épée ?
N’a-t-Il pas vécu humblement, sans commettre de violence ou d’injustice ?
N’a-t-Il pas aimé l’humanité jusqu’au point d’accepter une sentence injuste sur la croix, pour en faire une porte lumineuse ouverte sur la résurrection ?
Le Christ nous a montré la bonne façon pour recouvrir la vue et voir la lumière : la voie de l’amour.
La foi, l’espérance et la charité constituent la source de la lumière, de la joie et de la paix. La charité (ou amour) étant la plus grande de ces vertus, comme le dit saint Paul.
Seul l’amour et le don de soi permettent de voir, de connaître et de reconnaître l’autre. Seul l’amour permet de vivre avec l’autre, et de perpétuer non pas sa propre force, mais la force de la vie.
Certains diront que c’est bien théorique tout ça, que mon exposé contient un savant mélange de réalité et d’utopie. À ceux-là je réponds volontiers qu’ils sont libres de leurs idées.
Mais avant de terminer mon propos, je voudrais attirer leur attention sur deux incontournables :
1) La vie (dans son entendement terrestre) est courte.
2) Au bout du compte, la vérité il n’y en a qu’une, sinon elle ne serait pas vraie.
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